Energie

Filière brassicole : la gestion des ressources en question

Plus de 200 acteurs de la filière brassicole se sont retrouvés le 13 avril pour réfléchir à des solutions pour une gestion des ressources raisonnée et optimisée. Photo : Arvalis

Matières premières, énergie, eau : la gestion des ressources était au cœur des échanges pendant le 23e colloque Orges brassicoles qui s’est déroulé le 13 avril 2023 à Dijon, à l’initiative d’Arvalis.

Les caves coopératives jouent collectif sur l’énergie

« Pour de petites structures, ce fonctionnement en groupe permet réellement d’avoir des conditions tarifaires très intéressantes », explique Jean-Marc Hamon. Photo : La Coopration agricole Occitanie

Pour obtenir des tarifs avantageux et faire des économies sur l’énergie, les coopératives viticoles misent sur le collectif. Sensibilisation, contrat de groupe sur l’achat d’électricité, diagnostics collectifs, ou projets communs en photovoltaïque. Autant de pistes pour tenter de réduire le montant des factures.

Dès 2015, la Fédération des caves coopératives du Var (FDCC83) a mis en place un contrat de groupe pour l’achat d’électricité, rappelle Hélène Basset la directrice. « Nous avions réussi à mobiliser une vingtaine de caves sur 40 au lancement, et sommes à 31 désormais avec certaines qui ont d’ailleurs fusionné depuis. Le tarif de notre contrat groupe est constitué d’une part d’un volume d’Arenh1 à un taux fixe de 42 €/MWh, volume soumis à écrêtement selon la consommation du volume d’Arenh au national, et d’autre part d’un volume d’électricité fixé au prix du marché lors de la signature du contrat groupe en juillet 2021, soit 73 €/MWh. Nous bénéficions d’un tarif intéressant concernant la part du volume d’Arenh grâce à des besoins élevés en période de vendanges, alors que la demande générale n’est pas à son pic. »

Réduction des GES : Eurea investit pour des économies d'énergie

Maxime Robineau, responsable RSE, gestion de projets et énergie chez Eurea, indique que l'économie en jardineries est « loin d'être anecdotique : 10 % sur la consommation des magasins ». Photos : Eurea

Eurea accélère ses efforts de sobriété avec la crise énergétique. Le groupe coopératif d’Auvergne-Rhône-Alpes agit sur tous les plans. Du carburant aux jardineries en passant par les usines, les économies d'énergie sont possible, à condition d'investir en premier lieu et de s'engager.

« Nous avons formalisé notre démarche RSE en 2020-2021. Nous avions déjà un plan d’actions pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et donc, les consommations d’énergie, car les deux sont liés. Mais avec la conjoncture de tension sur les énergies, nous avons accéléré son application », résume Maxime Robineau, responsable RSE, gestion de projets et énergie chez Eurea.

Contrats de performance énergétique : GreenYellow, partenaire d'Arterris

Pour Yasmina Bousraou, secrétaire générale du groupe Arterris, sans ces investissements, la facture énergétique de l’année 2022 aurait été multipliée par trois. Photo : Arterris

Après la mise en exploitation de trois premiers contrats de performance énergétique avec GreenYellow sur trois de ses usines agroalimentaires depuis 2018, la coopérative Arterris est en train de déployer la démarche sur un quatrième site, et deux supplémentaires sont déjà à l’étude.

Un gain moyen de 21 % sur la consommation énergétique. Voici le bilan calculé par Arterris sur trois de ses sites agroalimentaires, depuis la démarche engagée avec la société GreenYellow autour des contrats de performance énergétique (CPE).

« Aujourd’hui, nous avons signé trois contrats avec GreenYellow : les Fermiers occitans dans le Tarn, Linea alimentaria en Espagne et la Conserverie du Languedoc dans l’Aude, liste Yasmina Bousraou, secrétaire générale du groupe Arterris. Un 4e contrat doit être mis en œuvre pour juillet 2023, sur notre usine de CCA Les Bories dans le Périgord. »

Le poste des énergies est devenu central pour les négoces

« L’énergie est devenue un poste de charges à part entière et il faut s’en occuper », a rappelé Antoine Pissier, président de la FNA. Photo : FNA

La Fédération du négoce agricole a choisi l’énergie comme thème pour ses ateliers techniques, tenus lors de son congrès fin 2022 en Bourgogne. L’occasion d’un partage d’expériences entre négociants sur cette thématique devenue cruciale. Par exemple, François Maxence Cholat, responsable filières au sein de la maison François Cholat, a expliqué comment son entreprise a converti son parc camion au biogaz.

« Longtemps considérée dans nos métiers comme une ligne parmi d’autres dans les charges d’exploitation, l’énergie est devenue un poste de charges à part entière et il faut s’en occuper. L’objectif de nos ateliers techniques est de présenter des solutions concrètes tant en efficience qu’en sobriété », a rappelé Antoine Pissier, président de la FNA en ouverture du congrès de la fédération en décembre 2022 sur le thème de l'énergie. Cinq ateliers étaient proposés, composés à chaque fois de témoignages d’experts, de partenaires et de retours d’expérience de négociant.

Connaître son talon énergétique pour faire des économies

Pour calculer le talon énergétique, Nicolas Rolle-Milaguet récupère à Enedis les « points dix minutes », ce sont les puissances atteintes toutes les dix minutes sur 365 jours. Photo : Straténergie

Dans certaines industries, le talon énergétique peut atteindre 10 à 30 % de la facture. L’objectif est de connaître cet indicateur pour limiter les consommations. Un autre levier est de mesurer la consommation du matériel avec des pinces ampèremétriques. Leur analyse permettra de donner la priorité aux investissements pour réaliser des économies d’énergie.

« Le kilowattheure le plus rentable et le plus durable est celui qui n’est pas utilisé », évoque Nicolas Rolle-Milaguet, fondateur de Straténergie. C’est pourquoi il accompagne les entreprises pour les aider à optimiser leur consommation énergétique. Au-delà de remplacer l’éclairage par des leds, faire attention au chauffage par exemple. D’autres leviers existent pour les entreprises. Afin de limiter les consommations, la première étape est de faire un diagnostic pour savoir quels sont les postes et les process les plus gourmands en énergie et sur quels usages travailler.

Connaître son talon énergétique

Connaissez-vous votre talon énergétique ? C’est la consommation quand il n’y a personne dans l’entreprise. C’est l’un des indicateurs de suivi que Nicolas Rolle-Milaguet surveille lors des diagnostics des coûts énergétiques. « Chez un industriel, les heures de non-activité produisent 10 à 30 % de la facture », indique-t-il. L’expert voit cela comme du gaspillage quand d’autres le voient comme une charge.

EMC2 vise 15 % d’économies d’électricité

Parmi ses missions, Emmanuelle Schifano souhaite créer une dynamique autour des bonnes pratiques au quotidien. Photo : EMC2

En travaillant sur les postes les plus énergivores et sur les bonnes pratiques, EMC2 espère diminuer sa consommation énergétique. Embauchée l’automne dernier, Emmanuelle Schifano est chargée d’orchestrer les efforts de tous.

« Il n'y a pas de politique commune de l'énergie en Europe »

Thierry Bros, à gauche, et David Fyfe, à droite. Photo : Argus media

Comment l’Europe peut-elle garantir un avenir énergétique stable et durable ? Verrons-nous un retour à la normalité, ou y aura-t-il un changement de politique vers une plus grande autosuffisance régionale en produits de base stratégiques ? Les tensions géopolitiques entravent-elles ou dynamisent-elles la transition énergétique de l’Europe ? Les questions sont nombreuses, et les réponses ne sont jamais aussi simples que ce que l’on voudrait pour imaginer un avenir moins turbulent.

À l’occasion du Paris Grain Day, organisé par Argus Media, David Fyfe, économiste chez Argus Media (Royaume-Uni), résumait les éléments de la manière suivante :

« Sur la première moitié de l’année 2022, ce sont principalement le prix de l’énergie et des engrais qui ont contribué à faire pression à la hausse sur l’ensemble des commodités stratégiques, alimentés notamment par l’invasion de la Russie en Ukraine fin février. Ensuite, la crise inflationniste et le switch progressif des importations européennes en provenance de la Russie par d’autres origines ont finalement contribué à détendre les prix. »

La Cavac conjugue matériaux biosourcés, économie et confort

Avec un budget de 1,06 million d’euros, le chantier Cavac a nécessité un surcoût de seulement 5 % par rapport à des matériaux plus traditionnels. Photo : Cavac

Parmi les coopératives qui misent sur les matériaux biosourcés pour l'isolation, la Cavac mise sur le chanvre et le lin produits par ses adhérents. Ce choix a plusieurs avantages, notamment économique, en plus de la valeur ajoutée aux filières agricoles.

La Tricherie produit son isolation thermique en matériaux biosourcés

Pour Baptiste Breton, codirecteur de La Tricherie, l’important réside dans la maîtrise parfaite de l’application sur les matériaux biosourcés. Photo : La Tricherie

Pour réduire leurs factures de chauffage tout en augmentant le confort de leurs salariés en hiver comme en été, certaines coopératives misent sur les matériaux biosourcés produits par leurs propres adhérents. Exemple avec l’isolant paille de la coopérative de La Tricherie.

Électricité  : anticiper pour davantage de compétitivité

Estelle Martinet : « Jusqu’en 2027 le prix de l’électricité va être tendu. » Photo : Estelle Martinet

Le prix de l’électricité a baissé en 2023 après des niveaux jamais atteints en 2022. Selon Estelle Martinet, consultante en énergies, le prix de l’électricité restera tendu jusqu’en 2027. Elle conseille donc d’anticiper les négociations afin d’aller chercher de la compétitivité sur les prix en 2024 et 2025.

L’énergie, une charge à optimiser

Photos : Photoagriculture/Adobe Stock

Avec des prix qui, en 2022, ont été multipliés jusqu’à huit pour l’électricité, et jusqu’à dix pour le gaz, l’énergie est le sujet brûlant qui, depuis quelques mois, donne des sueurs froides aux dirigeants. Le marché de l’électricité s’annoncerait d’ailleurs tendu jusqu’en 2027.

Le Naca gère des achats groupés d’électricité et de gaz pour 40 négoces

Simon Aimar (sur la photo), directeur du Naca, et Isabelle Barbaud gèrent les négociations avec Antargaz et Primagaz pour le compte des négociants. Photo : Olivier Lévêque/Pixel6TM

L’énergie est un sujet complexe où il faut bien comprendre sa facture, les offres et les marchés. Les négociants doivent suivre l’actualité avant de prendre position. C’est pourquoi le Naca travaille avec Collectif énergie pour accompagner les négociants.

Un bouclier énergétique pour éviter l’arrêt d’activités des coopératives

« Nous avons besoin avant le 1er janvier 2023 d’avoir un bouclier énergétique efficace, facile d’accès et rapidement mis en œuvre », soutient Antoine Hacard, président de LCA métiers du grain. Photo : S.Bot/Média et Agriculture

Avec les risques de pénuries sur les engrais et les hausses de prix de l’énergie, La Coopération agricole métiers du grain suit particulièrement deux dossiers : disposer d’un bouclier énergétique efficace et rapidement mis en place, et accéder aux engrais de l’usine d’Eurochem Anvers.